Car
les crimes pullulent parmi notre orgueilleuse lumière,
autant et plus que dans les ténèbres antiques.
Et des crimes d'élite, des crimes qui effraieront l'impudeur
des dramaturges à venir !
Nous parlons ainsi en songeant à ce pauvre petit Jeannin
qui allait être bel et bien pendu par les soldats de Méloir.
Tout le village de Saint-Jean était rassemblé devant
la porte de Simon Le Priol. La maison était fermée.
Elle servait de prison au petit Jeannin.
Le petit Jeannin avait les mains liées. Il était
couché auprès des deux vaches.
Kéravel avait dit qu'il fallait attendre le retour de messire
Méloir, au moins jusqu'à l'heure ordinaire du couvre-feu.
Gueffès n'était pas de cet avis, mais il n'avait
pas voix au chapitre.
Le petit Jeannin était littéralement foudroyé.
Il ne bougeait non plus que s'il eût été mort
déjà. Ce coup qui le frappait au milieu de son bonheur
l'avait anéanti.
Au dehors, on s'agitait, on parlait, les soldats riaient. Les
gens du village, saisis d'effroi, n'avaient pas même l'idée
de protester.
Simon et sa femme se tenaient immobiles au seuil de leur maison.
Tous sentaient que la disgrâce de monsieur Hue de Maurever,
leur seigneur, leur enlevait les moyens de résister.
Derrière le compartiment de la ferme où se tenaient
les bestiaux, une petite porte communiquait avec la basse-cour.
Cette porte s'ouvrit doucement et Simonnette entra dans la salle
commune.
Elle avait les yeux gros de larmes et les sanglots étouffaient
sa poitrine.