Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

y choisit sa place, aujourd'hui à droite, demain à gauche. Ne le cherchez jamais où il était la semaine passée.
Il coulait ici ; c'est une raison pour qu'il soit ailleurs. D'une marée à l'autre il déménage.
Ce filet d'eau qui raie la grève et qui la tranche en quelque sorte comme le soc d'une charrue, c'est le Couesnon.
Il est vrai que cette grande rivière, large comme la Loire, on la passe sans mouiller ses jarretières.
Dans ce cas-là, le Couesnon étale sur le sable une immense nappe d'eau de trois pouces d'épaisseur ; le soleil s'y mire, éblouissant. Vous diriez une mer.
Et cette mer a ses naufrages, ses sables tremblent sous les pas du voyageur ; ils brillent, ils s'ouvrent, on s'enfonce ; ils se referment et brillent.
Elle doit être terrible, la mort qui vient ainsi lentement et que chaque effort rend plus sûre, la mort qui creuse peu à peu la tombe sous les pieds même de l'agonisant, la mort dans les tangues.
Et que de trépassés dans ce large sépulcre !
Les gens de la rive disent que le deuxième jour de novembre, le lendemain de la Toussaint, un brouillard blanc se lève à la tombée de la nuit.
C'est la fête des morts.
Ce brouillard blanc est fait avec les âmes de ceux qui dorment sous les tangues.
Et comme ces âmes sont innombrables, le brouillard s'étend sur toute la baie, enveloppant dans ces plis funèbres Tombelène et le Mont-Saint-Michel.
Au matin, des plaintes courent dans cette brume animée ; ceux qui passent sur la rive entendent :
-Dans un an ! Dans un an !
Ce sont les esprits qui se donnent rendez-vous pour l'année suivante.
On se signe. L'aube naît. La grande tombe se rouvre, le brouillard a disparu.

Sommaire du livre La Fée des Grèves de Paul Féval

PAGE
SUIVANTE
La Fée des Grèves

RETOUR AU SOMMAIRE DU SITE MONT SAINT MICHEL - MONT SAINT MICHEL

Partenaires