-Tu
ne le sais donc pas ?
-Je le saurai, monseigneur.
Maître Gueffès avait un sourire assez irrévérencieux
autour de son énorme mâchoire.
-Causons raison, reprit-il ; moi, je vis dans ce pauvre trou de
Saint-Jean-des-Grèves, et je ne sais pas les nouvelles.
Pourtant on m'a dit que vous vouliez épouser Reine de Maurever.
-Ah ! on t'a dit cela ?
-Mauvaise dot, monseigneur, pour un galant chevalier comme vous,
que trois manoirs ruinés où il ne reste que des
murailles.
-Et les tenances, mon ami Vincent.
-Et les tenances... mais les tenances et les murailles, vous les
aurez sans la fille, puisque les domaines sont confisqués
et que le duc François vous les a promis.
-Comment ! s'écria Méloir, tu sais aussi cela !
-Mon Dieu, messire, j'ai passé la soirée à
écouter vos soudards ivres. Ils disent... mais je ne voudrais
pas vous fâcher, mon cher seigneur.
-Que disent-ils ?
-Ils disent que la fille de Maurever veut épouser le gentilhomme
d'armes, Aubry de Kergariou.
-C'est bien possible, cela, maître Vincent.
-Est-ce que vous êtes philosophe comme le pauvre Gueffès
? demanda humblement le Normand.
-Sarpebleu ! s'écria Méloir en riant, voilà
un coquin qui a de l'esprit comme quatre ! Non, non ! je ne suis
pas si philosophe que cela, mon homme ! Mais mon cousin Aubry
est en prison... et, s'il plaît à Dieu, il y restera
longtemps.
-S'il plaît à Dieu ! répéta Gueffès
d'un air goguenard.
-Que veux-tu dire ?
-Ce que femme veut... commença le Normand.
-Bah ! interrompit Méloir, vieux dicton moisi.
-...Dieu le veut, acheva paisiblement maître Gueffès,
et si j'ai de