-Et,
si c'est un sorcier ? insinua Kervoz, et qu'il vous étrangle,
messire ? Méloir regarda maître Gueffès en-dessous.
-Bah ! fit-il, le jour va se lever, et j'aurai la main sur ma
dague. En route !
Homme d'armes et archers s'ébranlèrent. Les chevaux
étaient tous préparés dans la cour. On entendit
la grand'porte s'ouvrir, puis le bruit de la cavalcade, puis le
silence se fit.
-Sarpebleu ! grommela Méloir ; ils vont revenir les mains
vides !
Ah ! si j'avais mes douze lévriers de Rieux ! Ma patience
! ils doivent être à Dinan à cette heure,
et nous les aurons demain.
-C'est donc vrai, monseigneur ? dit bien respectueusement Gueffès.
-Quoi ?
-Que vous chasserez Maurever dans les Grèves avec des lévriers
de race ?
-Que t'importe ?
-Cela m'importe beaucoup, mon cher seigneur, attendu que j'ai
mis dans ma tête de gagner les cinquante écus nantais,
promis par François de Bretagne à celui qui...
-Ah ! ah ! dit Méloir ; est-ce aussi pour la fillette à
Simon Le Priol ? Gueffès devint tout jaune.
-Il y a donc quelqu'un, murmura-t-il, qui veut aussi gagner les
cinquante écus nantais pour la fillette à Simon
Le Priol ?
-Est-elle jolie ? demanda Méloir au lieu de répondre.
-Elle est riche, répliqua Gueffès. Méloir
lui frappa sur l'épaule.
-Le bon compagnon que tu fais, ami Gueffès ! s'écria-t-il.
Mais j'y songe ! nous n'aurons guère besoin de mes lévriers
de Rieux, puisque tu sais où se cache M. Hue.
-Ai-je dit que je le savais ?
-Oui, sarpebleu ! sans cela...
-Ah ! monseigneur ! quand on a la corde au cou...