Un
grand feu s'alluma dans la cheminée au-dessus de laquelle
l'écusson de Maurever, martelé par les soudards,
montrait encore ses émaux : d'or à la fasce d'azur.
À mesure que le bois vert pétillait joyeusement
dans l'âtre, la gaieté s'allumait dans tous les regards.
Hommes d'armes et archers se mirent à plumer la belle paire
d'oies, les canards et les poules. Le héraut prêta
sa longue et mince épée de parade pour faire une
broche, tandis que le sieur de Keravel, lance de Clisson, et Artus
de Fontebrault, hommes d'armes de Rohan, deux beaux soldats, ma
foi ! battaient des omelettes
dans leurs casques.
Méloir regrettait que sa nouvelle et haute dignité
ne lui permit point de partager ces appétissants labeurs.
Il avait quelque teinture de la cuisine. Il donna de bons conseils.
Et, pour faire quelque chose, il vida deux flacons de vin du midi
qui achevèrent la déroute de sa mélancolie.
Au diable les soucis ! l'immense rôti tournait devant le
brasier par les soins de Conan et de Kervoz. La table était
dressée. Et après tout, le vent qui venait par la
croisée n'était que la bonne brise du mois de juin.
On devisait :
-Ah ! ça ! disait Keravel, savez-vous le nom de cette maladie-là,