Jean
de la Haise et Robert Roussel se fatiguaient de garder le captif.
Ils voulurent d'abord le tuer par la faim...
-Oh ! interrompit Fanchon, la métayère, qui ne put
retenir un cri d'horreur.
Le même cri s'échappa de toutes les poitrines oppressées.
Maître Gueffès tout seul garda un silence glacé.
-Gilles de Bretagne, reprit Julien, était dans un cachot
dont le soupirail donnait dans des broussailles, au ras du sol.
On fut deux jours sans lui porter à manger, puis trois
jours, puis toute une semaine. Au bout de ce temps, Jean de la
Haise et Robert Roussel descendirent au cachot pour fournir la
sépulture chrétienne au cadavre.
Mais il n'y avait pas de cadavre. Gilles de Bretagne vivait encore.
Un ange avait veillé sur les jours de la pauvre victime.
Un ange ! Et vous l'avez vu, ce bel ange aux blonds cheveux et
au doux sourire, cet ange qui porta si longtemps dans notre pays
la consolation charitable...
-Mademoiselle Reine ! murmura Simonnette, dont les beaux yeux
noirs se mouillèrent.
-Oh ! la chère demoiselle ! que Dieu la bénisse
! s'écria-t-on tout d'une voix.
La vilaine voix de maître Gueffès manquait seule
à ce concert.
-Reine de Maurever ! répéta Julien d'un accent enthousiaste
; oui,