trouvait
Simonnette charmante, et quand il songeait à la dot de
Simonnette, sa mâchoire toute entière se montrait
en un épouvantable sourire.
Maître Gueffès ne mendiait jamais aux environs de
Saint-Jean.
D'ailleurs, mendier, en ce temps, c'était tout bonnement
prendre sa part de certaines largesses périodiques. Maître
Vincent Gueffès allait quérir sa soupe à
la distribution du monastère ; il criait noël sur
le passage des seigneurs ; mais ce n'était pas un gueux.
On savait bien qu'il avait quelque part un sac de cuir qui motivait
amplement la bienveillance de Simon Le Priol.
Le pauvre petit Jeannin était peureux comme un lièvre.
Oh ! sans cela maître Gueffès aurait eu son compte
!
Et maintenant, reste-t-il quelqu'un à décrire autour
de la grande cheminée ? À part Simon le métayer,
Fanchon la métayère, Simonnette. Gueffès
et le petit Jeannin, il n'y a guère que des comparses :
Joson le vannier, Michon la buandière, quatre Mathurin,
autant de Gothon, une Scolastique et deux Catiche. N'oublions
pas cependant la Rousse et la Noire, les deux belles vaches, commodément
vautrées à l'autre bout de la chambre, et trois
gorets [Porcs.] (sauf respect), grognant sous la table même.
La veillée allait bien. La cruche au cidre circulait assez
vivement, escortée de l'écuelle commune. Fanchon,
la digne métayère, à cause de la solennité
de la Saint-Jean, savourait toute seule une tasse d'hypocras.
Les rouets chômaient, les fuseaux de même. Les quatre
Gothon étaient lasses de jouer à la main chaude
avec les quatre Mathurin.
Le petit Jeannin, les pieds nus dans les cendres, laissait passer
l'écuelle sans y mouiller ses lèvres et regardait
Simonnette tant qu'il pouvait.
Dans sa blonde tête, il brodait de mille manières
diverses ce thème invariable : Si j'avais cinquante écus
nantais !
Maître Vincent Gueffès se taisait, comme devraient
faire tous les bas-normands d'esprit.
Simonnette riait avec l'un, avec l'autre, avec tous, l'heureuse
fille.