Procès-verbal
de la séance de l'Assemblée générale
des députés des propriétaires des Marais
de Dol, tenue à Dol le 22 juin 1856.
RAPPORT
DU SYNDIC
Si,
comme j'ai l'honneur de vous le dire en tête de cet exposé,
nous avons à nous féliciter de ce que les marées
de mars et d'avril n'aient occasionné aux digues de l'association
aucun dommage sérieux, les amodiateurs des terrains situés
dans les grèves ont été beaucoup moins heureux;
la marée d'avril surtout, qui s'est élevée
à une hauteur prodigieuse et tout à fait anormale,
leur a causé des désastres qu'on ne peut voir sans
une émotion profonde : à Sainte-Anne il s'en est
peu fallu quel leurs digues n'aient été renversées;
leur base, qui avait au moins 10 mètres d'épaisseur,
a été réduite à un mètre par
l'action corrosive des flots et si une multitude de travailleurs
n'eût été établie en permanence pour
protéger les parties les plus menacées, le terrain
cultivé eût été infailliblement
envahi.
A Saint-Georges
et à Roz-sur-Couesnon, le mal a été bien
plus considérable encore; et sans entrer dans les détails
qui pourraient devenir fastidieux, je me bornerai à vous
dire que, lors de notre dernière inspection des lieux,
nous avons pu constater que plus de 3.000 mètres de digues,
qui naguère formaient de, magnifiques enclos, couverts
de moissons de la plus riche apparence, ont été
entièrement détruits et ne laissent pas même
apercevoir de traces de leur existence; il est vrai que, dans
cette partie de la grève, qui présente un aspect
sinistre, la mer a trouvé dans le Couesnon un bien funeste
auxiliaire.
Il
m'est pénible Messieurs d'avoir à vous entretenir
encore de cette
fatale rivière, dont le cours incertain et vagabond cause
tant de ravages; mais si la prudence exige qu'on ait toujours
les yeux fixés sur son ennemi, comme il n'en existe pas
de plus redoutable pour le marais, nous ne pourrions sans imprévoyance
détourner nos regards de ce terrible adversaire.