La
partie orientale des digues des marais de Dol n'est située
qu'à une très petite distance (1 kilomètre
environ) de Moidrey, dont elle n'est séparée que
par la rivière le Couesnon. Là se trouve le côté
le plus vulnérable de nos digues; les désastres
que nous avons subis le constatent. L'abaissement du sol à
leur pied sera la conséquence de l'extraction des tangues;
la base des digues sera mise à nue; elles seront dès
lors exposées sans défense, aux affouillements du
Couesnon et à l'action de la mer; leur destruction deviendra
certaine et sans digues, point de marais : il est en contre-bas
des moyennes marées de plusieurs mètres.
En
présence des sinistres sans nombre dont nous avons été
victimes malgré les sacrifices énormes que nous
faisons chaque année pour nous y soustraire; en présence
des dangers beaucoup plus grands encore auxquels les enlèvements
de tangues par la compagnie vont nous exposer, et par les considérations
que, déjà nous avons, dans de nombreux documents
soumis à notre justice.
Nous
supplions de nouveau Votre Excellence de vouloir bien, alors qu'il
en est temps encore, ordonner la déviation et l'endiguement
du Couesnon, comme seuls et uniques moyens de préserver
le marais de Dol d'une ruine imminente, et de décider qu'aucun
enlèvement n'aura lieu par les voies ferrées, jusqu'à
l'achèvement du travail préservateur de l'endiguement.
L'Assemblée,
vivement émue des imminents dangers que fait courir à
la conservation des digues des marais de Dol l'enlèvement
incessant de quantités indéfinies de tangues de
l'anse de Moidrey, et convaincue que le seul remède aux
effets désastreux de cet enlèvement consiste dans
l'endiguement du Couesnon, repoussé vers le Mont-Saint-Michel,
approuve à l'unanimité et appuie de ses vœux
les plus énergiques la requête présentée
par le conseil administratif à son Excellence le Ministre
des Travaux publics,