Texte intégral du livre :

"LA QUESTION DE L'INSULARITE DU MONT SAINT-MICHEL" par l'abbé J. Descottes. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La question de l'insularité du Mont Saint-Michel

orientale du marais, et même une partie des terrains amodiés par le domaine, et qui, il y a quelques jours à peine étaient couverts des plus riches moissons.

Aussi longtemps, Messieurs, que le Couesnon sera délaissé à son cours capricieux, vous ne pouvez malgré vos soins et vos sacrifices, compter sur la conservation de vos propriétés. Telle est l'opinion de ceux des ingénieurs du département qui, en 1851, étudièrent la nature des grèves du Mont-Saint-Michel, ainsi que l'action des eaux de la mer et du Couesnon. Telle, avant eux, était celle des ingénieurs des Etats de Bretagne, en 1776, puis en1781 ; celle de M. Parquin, ingénieur des ponts et chaussées de France et en chef de la navigation intérieure de la Bretagne; et enfin, en 1791, en l'an V et l'an VI, celle de MM. Boissel et Anfray, ingénieurs en chef de notre département.

Il résulte, en effet, des procès-verbaux rapportés par ces Messieurs, « qu'il n'y aura jamais de sûreté pour le marais, sans la déviation du Couesnon ».

Cette opinion fut adoptée, en 1776 et en 1781, par le Gouvernement. La déviation du Couesnon fut ordonnée, et si dès lors elle ne se fut pas effectuée, il ne faut en chercher la cause nulle part ailleurs que dans le mauvais état des finances.

La déviation et l'endiguement du Couesnon furent de nouveau décrétés le 25 thermidor an VIII; mais, confiés, bien qu'avec des concessions considérables sur les grèves, à des hommes aussi inhabiles qu'inexpérimentés, cette opération ne réussit pas et vit échouer la plus belle des spéculations. Il n'est resté de ces travaux qu'un canal d'une longueur de 4 kilomètres, dont on pourrait tirer grand parti.

Ce fut un malheur pour le marais qui est resté exposé à des dangers imminents; les prévisions des ingénieurs se réaliisèrent bientôt. Notre territoire eut à supporter les désastres de 1791 et 1792, qui se chargèrent de démontrer l'indispensabilité de la fixation du Couesnon. La situation de cette rivière, qui sert de limite entre le département de la Manche et le nôtre, les lieux qu'elle parcourt, les grèves sur lesquelles elle

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