et
la rapidité avec laquelle elle se porte vers les digues
de la Rue, de Cotrelle et des Quatre-Salines; elle était
alors à environ 600 mètres de l'angle occidental
du Grand-Enclos. Aujourd'hui elle n'est plus qu'à 130 mètres
environ et à 550 mètres des grandes digues. Ce rapprochement
effrayant détermina votre conseil administratif à
adopter un moyen qui lui fut proposé pour en essayer la
dérivation, et l'exécution de ce projet fut confié
à M. le constructeur des travaux et à moi. De concert
avec M. Le Do, nous recuellîmes des habitants les plus anciens
de la commune de Roz-sur-Couesnon, toutes les lumières
que nous pûmes en tirer sur les moyens d'employer utilement
le procédé indiqué et jadis employé
avec succès.
Nous
commençâmes à nous approvisionner de piquets
et de fascines et nous prîmes les autres mesures convenables
pour l'exécution; mais le défaut de matériaux
en quantités suffiisantes et la difficulté de se
procurer des harnais pour leurs transports, tant à cause
de la saison des semailles que vu le mauvais état des chemins,
nous retardèrent singulièrement dans notre opération.
Cependant, le 12 novembre dernier, cent trente-six chèvres
se trouvaient placées dans la direction la plus convenable.
L'effet qu'elles produisirent d'abord semblait miraculeux : une
excavation de dix à douze pieds de large, sur une profondeur
de trois à quatre pieds, s'était formée comme
par enchantement; et si les piquets n'eussent pas manqué
faute de harnais, et qu'on eût pu en placer un nombre suffisant,
il est presque certain que la rivière: se serait jetée
dans le canal des chèvres. D'après des essais aussi
heureux, nous avions l'espoir quel cette opération serait
couronnée d'un meilleur succès, surtout pendant
les marées des 21 et 22 novembre; mais on n'a pu comprendre
pourquoi, malgré tous les soins qu'on a donnés à
ce travail, on n'a pas obtenu de résultats plus satisfaisants.
Lors de la dernière marée, 250 chèvres environ
étaient placées sur plusieurs lignes ; elles n'ont
produit que quelques bas-fonds, ou petits canaux; dans lesquels
la rivière coule maintenant divisée en autant de
branches. Cette situation de l'ancien lit ainsi labouré