rétrocéda
sa concession à une autre entreprise de colmatage, la Société
des Polders de l'Ouest, qui hérita des dispositions
bienveillantes dont bénéficiait en haut lieu la
première, et obtint, en 1869, l'établissement d'un
projet de construction, aux frais de l'Etat, d'une digue insubmersible
longeant le canal du Couesnon. La
guerre ajourna le projet qui fut repris vers 1874 et finalement
exécuté de 1878 à 1880. Telle est l'origine
de la fameuse digue qui prolongea la route de Pontorson
jusqu'au Mont Saint
Michel.
Cette
entreprise, présentée sous l'apparence d'un ouvrage
d'utilité publique devant aider la communication du Mont
avec la terre ferme, se réalisa comme nous l'avons dit,
au mépris des engagements pris en ce qui concerne l'arrivée
de ce remblai contre les murs des remparts qu'il devait conditionnellement
respecter. Les protestations ne manquèrent pas de se produire
contre cette violation des conventions dont les résultats
étaient aussi facheux au point de vue de l'esthétique
que compromettants pour la conservation des murailles désormais
exposées à l'impétuosité de violents
remous. La presse fit campagne, le Parlement fut saisi. Mais toutes
les démarches sont restées vaines; et jusqu'à
l'heure présente les touristes
de toutes nationalité, dont la foule s'empresse vers le
rocher fameux, mettent pied à terre devant un cul de sac
sordide et puant, desservi latéralement par la misérable
passerelle dont le plancher pourri et les marches impraticables
aboutissent comme à regret à la véritable
entrée du Mont Saint Michel.
Depuis
l'exécution de ces travaux et d'autres poursuivis avec
une implacable méthode, les atterrissements se sont accrus
avec une rapidité prodigieuse; et, à en juger par
les progrès qu'ils ont faits depuis une vingtaine d'années,
il est permis d'établir mathématiquement que, si
l'on continue à ne s'en point alarmer, dans vingt autres
années le Mont Saint Michel ne sera plus qu'un rocher cotier
au sein d'une plaine maraîchère, comme l'est à
l'heure actuelle l'ancienne île rocheuse du Mont-Dol, dominant
de ses 65 mètres les marais
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