Elevé
d'un à deux pieds au dessus de leurs eaux, il remonte le
cours de ces rivières rapidement, et avec un fracas presque
effrayant, par l'idée que cette barre qui renverse tout
ce qui se trouve sur son passage, et qui est suivie d'une masse
imposante d'eaux qui débordent de tous côtés,
donne de sa puissance aux spectateurs (1). Alors, la scène
change, le Mont n'est plus une pyramide, il apparaît comme
un beau vaisseau de grandeur colossale immobile
(1)
Ce spectacle, tout curieux qu'il est, est bien loin de celui qu'offre
le même phénomène dans le grand canal du fleuve
des Amazones Amérique méridionale à l'endroit
où il reçoit l'Araouari. Voici la description qu'en
donne La Harpe, dans son Abrégé de l'Hisloire générale
des Voyages, tome 12. Pendant les trois jours les plus voisins
des pleines et nouvelles lunes, la mer au lieu d'employer près
de six heures à monter parvient, en une ou deux minutes,
à sa plus grande hauteur. On entend d'abord, d'une ou deux
lieues de distance, un bruit effrayant qui annonce la Pororoca,
c'est le nom que les Américains donnent à ce terrible
flot, à mesure qu'il approche, le bruit augmente et bientôt
on aperçoit un promontoire d'eau de douze à quinze
pieds de haut, puis un autre, puis un troisième, et quelque
fois un quatrième qui se suivent de près et qui
occupent toute la largeur du canal. Cette lame avance avec une
rapidité prodigieuse brise et rompt en courant tout ce
qui lui résiste.