riche
abbaye 1 à son frère, Guillaume d'Estouteville,
cardinal, qui fut le premier abbé commendataire. Ici commence
une ère nouvelle pour le Mont Saint Michel, qui lui fut
bien funeste, car les abbés commendataires, toujours loin
de leur abbaye, n'y portaient aucun intérêt. Empressés
d'en toucher les immenses revenus, ils refusaient les moindres
réparations. On a été obligé d'obtenir,
contre plusieurs, des arrêts du Parlement pour les y contraindre.
Il faut cependant mettre celui ci dans une honorable exception.
Guillaume d'Estouteville fit commencer
la reconstruction du chœur et des chapelles, qui étaient
restées en ruines, depuis l'éboulement de 1421,
et il fit faire ces travaux avec une magnificence telle que, s'ils
eussent été continués, l'église eût
pu passer pour une des plus belles de France, dit Don Huynes.
Mais cet abbé étant venu visiter son monastère
en 1452, fit suspendre les travaux commencés
1 Elle avait encore en 1789 au moins 40,000 livde rente, selon
la géographie de Normandie tome 1er. Elle avait eu, d'après
le voyage de France, plus de 100,000 fr de revenu, un siècle
auparavant, ce qui équivaut à un million pour notre
époque.