tomba
en 1300 et causa de grands dommages à la belle «
librairie », qui contenait notamment les manuscrits
de l'abbé Robert.
Parmi les 60 religieux de Robert de Torigny, comme un disciple
à côte du maître, vivait Guillaume de Saint
Pair, auquel on doit le Roman du Mont-Saint-Michel, poème
d'une suavité charmante, dans lequel la gravité
de l'histoire se pare des grâces naïves de la légende.
Au nombre des pèlerins illustres d'alors, on place le roi
Louis VII, en compagnie du cardinal Rolland, qui porta la tiare
sous le nom d'Alexandre III, et Henri II, roi d'Angleterre.
Les leçons et les exemples de Robert furent continués
par les abbés Martin (1187-1191), Jourdain (1191-1212),
lequel, avec l'appui financier de Philippe-Auguste, répara,
en partie du moins, les ruines faites par le siège, le
sac et l'incendie du Mont causés par des troupes bretonnes
sous le commandement de Guy de Thouars.
Puis Raoul des Isles (1212-1218) activa la construction de la
Merveille, si bien que certains historiens lui ont attribué,
a tort, le mérite de l'œuvre complète; Thomas
des Chambres (1218-1225), « préférant les
délices de la solitude aux appâts trompeurs du monde,
veilla soigneusement à la régularité et à
la discipline monastique. Raoul de Villedieu (1225-1236) attacha
son nom à la construction du cloître, véritable
chef-d'œuvre de grâce aérienne, floraison exquise
et vraiment idéale de cet arbre gigantesque que la main
des moines, comme un prodige défiant les siècles,
a fait sortir de la roche granitique.
Avec Richard Tustin (I236-1264) s'ouvre la série des abbés
auxquels le pape Alexandre IV accorda le privilège de porter
la mitre, la crosse et autres insignes de la prélature,
dont les gemmes et les étoffes précieuses enrichirent
le trésor. A l'occasion de son pèlerinage, le roi
saint Louis offrit une forte somme qui servit à accroître