rocher,
ne paraissaient atteints; leurs frondaisons gardaient une teinte
fraîche, comme si la rosée matinale les eût
trempées de ses fines gouttelettes. Aucune fumée,
non plus, ne montait vers le ciel ; le crépitement que,
d'habitude, font les flammes dévorantes, ne déchirait
pas l'atmosphère tranquille ; seule, une cloche lançait
ses lentes volées, mieux réglées pour appeler
les âmes à la prière que pour réclamer
le secours des hommes dans un sinistre effrayant.
« Pourtant, aucun doute n'était possible; le monastère
tout entier était la proie des flammes; rien ne serait
épargné, ni le corps vénéré
de Saint Aubert qui avait protégé du feu, cinq années
auparavant, Ia cellule du moine Bernehère, ni les chartes
si précieuses pour les bénédictins, ni les
manuscrits qui devaient transmettre aux générations
futures les plus belles œuvres de l'antiquité grecque
et latine et les ouvrages des Pères de l'Eglise, rien ne
serait sauvé !
« Enfin Norgod arrive au seuil du monastère.
« Le frère-portier, reconnaissant l'évêque
d'Avranches, le salue, selon la règle:
- « Benedicamus Domino »,
lui dit-il en s'inclinant.
« Norgod s'étonne de ce calme; il s'élance
droit dans la direction des bâtiments abbatiaux et voici