beaucoup
plus rare que le saumon. Il était réservé
aux moines de l'abbaye.
Les bénédictins avaient, en effet, des droits de
pêche très étendus sur la baie du Mont Saint-Michel
; ils les tenaient des donations à eux faites par les seigneurs
et les gentilshommes de la côte normande plus particulièrement.
Le roi de France leur avait concédé à ce
sujet de nombreux privilèges. C'est ainsi qu'en 1286, Philippe
IV, le Bel leur avait accordé le droit exclusif de la pêche
des esturgeons et de tous les poissons huileux; on disait alors
poissons à, lard, tels que baleines, marsouins et cachalots.
Aussi les moines se montraient-ils particulièrement stricts
sur les droits de pêche ou de chasse qu'ils possédaient
autour d'eux. Ils inséraient, dans les baux consentis à
leurs vassaux ou fermiers des clauses extrêmement sévères
touchant le gibier et « les oiseaux gentils », ou
le poisson capturé dans les pêcheries ou encore laissé
à sec, par le reflux, sur grèves blanches de la
baie. Les poissons étaient le plus souvent transportés
à l'abbaye; les baleines et les marsouins étaient
dépecés pour que l'huile en fût extraite;
les friands morceaux étaient offerts aux seigneurs d'alentour
et à l'évêque d'Avranches; les moines aussi
en distribuaient de grandes quantités aux personnes pauvres
de la ville du Mont et des villages de la rive.