«
A l'instant même, il reçut, d'une invisible main,
un formidable, soufflet qui claqua bruyamment, résonna
dans l'église tout entière et le renversa sur le
pavé.
« Il resta étendu sur les dalles durant plusieurs
minutes, tandis que l'enfant de chœur priait l'archange de
toute son âme, comprenant bien qu'un événement
extraordinaire venait de se passer.
« Quand Drogon se releva, encore tout étourdi et
plus encore interloqué et confus, les trois mystérieux
pèlerins avaient disparu. Or, toutes les portes étaient
hermétiquement fermées.
« Le malheureux sacriste, à moitié mort de
frayeur, s'en fut aussitôt trouver le vénérable
abbé qui se levait pour matines
et il lui raconta la scène dont l'église venait
d'être le théâtre.
« Il fut évident pour l'abbé que le soufflet
était une punition infligée à Drogon par
le saint Archange et que les trois mystérieux pèlerins,
visibles seulement pour le sacriste, étaient trois anges
envoyés sur terre par le Seigneur. Quant à la main
puissante qui avait administré à Drogon la maîtresse
gifle, c'était bien celle du très haut protecteur
de l'abbaye.
« L'émotion de Drogon fut telle qu'il tomba malade,
le jour même; il fut à deux doigts de la mort; des
cauchemars épouvantables traversaient son cerveau