1915),
a-t-elle rendu naguère de grands services aux pèlerins.
Les dangers de l'enlisement sont moins grands; il est rare qu'une
personne, mettant le pied sur la tangue mouvante, n'ait pas le
temps de se dégager, de revenir sur ses pas et de contourner
le passage dangereux. L'enlisement, « la terre noyant l'homme
», selon l'expression de Victor Hugo, est, plutôt
rare. La mer est autrement redoutable. Elle
ne monte pas sur les grèves avec la vitesse d'un cheval
au galop ? c'est une légende; c'est beaucoup moins
sa rapidité que sa manière d'emplir la. baie qui
est à craindre. Sillonnée par trois rivières,
la Sée, la Sélune et le Couesnon, la baie reçoit
aussi d'autres: petits ruisseaux, qui creusent, dans le sable,
des lits capricieux. La mer, en remontant le cours des rivières
et des rivulets et en rassemblant ses bras par des filandres,
forme des îles qu'elle submerge peu à peu; de tous
les côtés, le flot s'avance et monte; l'homme, qui
s'est engagé sur cette partie: des grèves, qu'il
croyait libre, revient en arrière et se dirige d'un autre
côté; il trouve bientôt la mer et est vite
englouti. Comment lutter contre cette puissance aveugle et capricieuse
? On a proposé d'établir sur place, tous les 500
mètres, surtout entre Tombelaine et le Mont, trajet le
plus suivi, des pylônes insubmersibles, où pourraient
se réfugier provisoirement, des gens surpris par le flux;
de créer au Mont Saint-Michel ou bien sur un ou deux points
de la côte, une station de sauvetage munie d'un canot. Un
canot ! On en réclame un depuis la fin du