Et
l'extase, un moment, fif nos bouches muettes,
Car elle, vous et moi, nous étions trois poètes
!
C'est précisément au sommet de cette côte,
que se passa, le 3 juin 1777, un incident dont les chroniques
locales nous ont gardé le souvenir. Joseph H, empereur
d'Allemagne et prince d'Autriche, qui voyageait sous le nom de
comte de Falkenstein, fit arrêter, au haut de la côte,
le carrosse où il se trouvait.
« L'attetage, suait, soufflait, était rendu. »
Il faut avouer que la route n'était pas alors entretenue,
comme elle l'est aujourd'hui et qu'elle ne suivait pas le même
tracé; au lieu de la pente relativement douce qu'elle a,
grâce aux lacets modernes, sinueux et allongés, elle
gravissait, en ligne droite, le flanc du coteau.
L'empereur descendit de voiture et promena son regards autour
de lui. A ce moment, arrivaient les autorités d'Avranches,
pour lui souhaiter respectueusement la bienvenue.
- « Que désire votre Majesté ? » demanda,
en tremblant, le magistrat municipal de cette ville.
- « Je recherche, Monsieur, une potence », répondit
l'empereur. Et comme l'échevin demeurait tout interdit,
Sa Majesté ajouta: « Eh bien oui ! pour y pendre
l'ingénieur qui a tracé une route pareille ! »
Heureusement pour lui cet ingénieur était. mort
depuis près de cent ans !