Avedick,
qui s'était consacré, de bonne heure, à l'étude
des doctrines de l'Eglise arménienne, s'était fait
remarquer par ses propos violents contre Louis
XIV. A force d'intrigues, l'ambassadeur du roi à Constantinople
avalit réussi à faire déposer le patriarche;
cela ne lui suffisait pas; il le fit enlever de l'île de
Chiol et embarquer secrètement pour Marseille où
il fut écroué à la prison de l'Arsenal; de
là, Avedick fut transféré au Mont Saint-Michel.
J'ai raconté, tout au long, dans mon ouvrage «La
Bastille des Mers» la détention de l'archevêque
arménien; il entra dans le grand exil à la fin de
novembre 1706 ; les ordres donnés au prieur pour le resserrement
d'Avedick avaient été particulièrement sévères
et pendant les premiers mois de la détention, le prieur
lui-même avait ignoré le nom du prisonnier. C'est
là, probablement, l'origine de la légende du Masque
de Fer au Mont Saint-Michel; il est même surprenant qu'on
n'ait pas fait souffrir et mourir cet exilé comme Victor
de la Cassagne, dans la cage de fer qui était en bois.
Le 13 juillet 1707, Pontchartrain, qui recommandait toujours au
prieur de céler à tout le monde le nom de l'exilé,
ainsi que la ville, d'où il venait, avant Marseille, écrivait
à dom Doyte: « Sa Majesté m'ordonne de vous
faire observer qu'Elle n'a pas défendu d'administrer au
prisonnier que vous savez la confession ni de lui faire entendre
la messe. Sa Majesté désire, au contraire, que vous
fassiez passer au Mont Saint-Michel le religieux de Saint-