Madame
la Gouvernante, les yeux hagards, les vêtements en désordre,
Elle crie à tue tête: « Tost ! Tost ! Monsieur
se meurt. Le frère portier a compris; le prieur, averti,
se précipite, muni de la boîte aux saintes huiles,
vers le logis particulier de M. de la Chastière , administre
au gouverneur les derniers sacrements et celui-ci, réconcilié
avec l'Eglise et les religieux, meurt le lendemain 18 juin 1667.
Il fut enterré décemment et les serviteurs de Saint-Michel,
lui rendant le bien pour le mal, « firent, selon l'esprit
de la charité chrétienne, tous les services voulus
pour le repos de son âme »,
Mais leur commisération ne s'étendit pas plus loin;
le prestige de Mme de la Chastlère disparut avec la vie
de son triste époux. Elle fut invitée à déguerpir.
« Criblée de dettes, elle fut abandonnée de
tous ses gens, sa valetaille lui tourna le dos et elle fut contrainte
d'aller coucher hors du Mont, dans une grange ou écurie,
sur de la paille, avec ses enfants. » Elle fut obligée,
elle qui s'était vantée d'obtenir mille faveurs
de M. de Montausier, gouverneur de la Normandie, de plier bagages
et de s'en aller « avec son carrosse, ses misérables
cavales et ses équipages en mauvais état ».
Elle ne laissa au Mont que des dettes criardes et de détestables
souvenirs. Ses créanciers ne retirèrent pas 40 livres
des nippes que cette coquette à la langue d'aspic avait
abandonnées dans un grenier.
En quittant le Mont, alourdie par une grossesse, elle se retira
à Saint-Pair près Granville; elle y