deux
mains et deux pieds de dessous son ventre et lui servaient de
nageoires; il portait le long de son dos comme trois petits mâts
mobiles (sic) de la grosseur d'un faible tuyau de blé.
Chacun de ces mâts était orné à la
pointe d'une espèce de guidon carré d'une peau bleuâtre,
mince et transparente et de six lignes de long sur trois de large.
Le corps de ce poisson était blanchâtre et sa queue
se terminait en pointe comme celle des morues. Le . peuple, ne
sachant quel nom lui donner, l'appelait "diable de mer".
J'ai cru longtemps que ce poisson fabuleux, qui arborait ainsi
de petits drapeaux était surtout connu aux environs de
Marseille; mais une communication, qu'un savant zoologiste voulut
bien me faire, m'apprit que ce monstre existait réellement
dans notre baie; il s'agit de la beaudroie pêcheuse (Lopbius
piscalorius), qu'on prend, assez souvent, sur les côtes
de Bretagne et de Normandie;
elle est connue sous le nom de Iote; mais, quand elle est exposée
sur les tables des poissonniers, elle est méconnaissable,
parce que les marchands la décapitent, la vident et la
dépouillent (1).
Les pêcheurs, on l'a vu par l'histoire du turbot, n'avaient
donc pas toujours l'autorisation de disposer de leurs pêches.
Les poissons royaux, notamment l'esturgeon et même les poissons
à lard (cachalots, baleines, marsouins, etc), étaient
réservés aux tables
(1) Voir la revue La Nature : août 1913
N° 2097