Texte intégral du livre :

"LES LEGENDES DU MONT SAINT-MICHEL" d'Etienne DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

Les légendes du Mont Saint-Michel

deux mains et deux pieds de dessous son ventre et lui servaient de nageoires; il portait le long de son dos comme trois petits mâts mobiles (sic) de la grosseur d'un faible tuyau de blé. Chacun de ces mâts était orné à la pointe d'une espèce de guidon carré d'une peau bleuâtre, mince et transparente et de six lignes de long sur trois de large.
Le corps de ce poisson était blanchâtre et sa queue se terminait en pointe comme celle des morues. Le . peuple, ne sachant quel nom lui donner, l'appelait "diable de mer".
J'ai cru longtemps que ce poisson fabuleux, qui arborait ainsi de petits drapeaux était surtout connu aux environs de Marseille; mais une communication, qu'un savant zoologiste voulut bien me faire, m'apprit que ce monstre existait réellement dans notre baie; il s'agit de la beaudroie pêcheuse (Lopbius piscalorius), qu'on prend, assez souvent, sur les côtes de Bretagne et de Normandie; elle est connue sous le nom de Iote; mais, quand elle est exposée sur les tables des poissonniers, elle est méconnaissable, parce que les marchands la décapitent, la vident et la dépouillent (1).
Les pêcheurs, on l'a vu par l'histoire du turbot, n'avaient donc pas toujours l'autorisation de disposer de leurs pêches. Les poissons royaux, notamment l'esturgeon et même les poissons à lard (cachalots, baleines, marsouins, etc), étaient réservés aux tables

(1) Voir la revue La Nature : août 1913 N° 2097

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