d'éclaicir
lui-même le mystère; mais son page lui ayant dit
que sa présence, hors de l'abbaye, était surtout
nécessaire, le chef se rangea à cet avis et ordonna,
en quelques mots brefs à son deuxième lieutenant,
de jeter en bas, si tout allait bien en haut, le cadavre d'un
moine.
Le lieutenant promit d'agir ainsi et disparut dans la nuit.
Or, voici ce qui se passait dans l'abbaye. Jehan Courtils, le
soir même de sa rencontre avec le chef huguenot, avait été
assailli de remords. Il avait eu honte de sa félonie, s'était
confessé dévotement et avait tout raconté
au capitaine-gouverneur. Il avait été, aussitôt,
convenu entre M. de Brévent, l'abbé et les chevaliers,
après une longue délibération, que les défenseurs
de l'Abbaye-Forteresse sembleraient ignorer les projets des calvinistes
et que Jehan Courtils, à l'heure fixée, laisserait
tomber la corde et hisserait un à un les huguenots rangés
au pied de la Merveille. Chaque ennemi, reçu à bras
ouverts par le traître, dans le cellier,
serait conduit dans le corps de garde
et, franchissant sans défiance le vantail de cette pièce,
les huguenots seraient transpercés d'un coup de dague par
des soldats, cachés derrière la porte.
Cela fut exécuté sans bruit.
Quand le lieutenant, qui avait reçu de Montgommery l'ordre
de jeter un moine par une fenêtre, fut monté, il
fit part immédiatement à Jehan Courtils de la volonté
de son chef