(ce
n'était pas tout-à-fait sa faute), en une année
non pas de grâces, mais de troubles : en 1384. Son enfance
se passa au milieu des catastrophes. La guerre faisait rage entre
l'Angleterre et la France. Une sécheresse terrible avait
grjllé les plus belles prairies de la Normandie et, au
sud de la Loire, des pluies diluvIennes avaient fait pourrir le
raisin. Mais tandis que les cigales de Midi déploraient
en molles élégies la mevente des vins, les bons
paysans du pays de Caux, les gars solides de la vallée
d'Auge, ceux du Cotentin, de l'Avranchin et du Mortainais
s'armaient de pics et de pieux pour repousser les envahisseurs
Le jeune Alain de Longues, après avoir vu brûler
le manoir paternel, avait juré de venger les siens. A quinze
ans, il revêt la cotte de mailles. On le trouve de 1400
à 1450, dans tous les combats. Le 14 mai 1454, il est encore
au Mont Saint-Michel, dont il a subit tous les sièges.
Il a 70 ans et, bien que la paix soit faite entre Français
et Anglais, il demeure rivé a son rocher du Mont Saint-Michel
comme cet Othenin de Balaincourt, qui mourut sous les armes a
96 ans, après avoir vécu et lutté dans la
même forteresse, pendant 79 années.
Mais la vie paraissait bien monotone à Alain parce que
sans danger. Pour se distraire, il aimait à jouer au palet
avec les compagnons d'autrefois. Il semble même qu'il fut
encore assez vert, puisqu'il prrt part a une echauffourée
à propos de certaine fillette commune. Un jour, ce fut
plus grave. Alain fut injurié par un méchant soudard
Collinet,