lois
de Février 1790. Les religieux en étaient partis
depuis plus de dix huit mois et, avec eux, avaient disparu les
innombrables hôtelleries et les multiples magasins dans
lesquels les pèlerins se restauraient et achetaient mille
béatilles, souvenirs de leur
pieuse visite. La liberté, en entrant au Mont avec un cortège
de suspects immédiatement incarcérés, y avait
ruiné le commerce et dispersé les familles. Seuls
quelques purs se réunissaient le dimanche sur la plate-forme
de la Tour Boucle et dansaient devant une pique surmontée
d'un bonnet phrygien, en hurlant des chansons contre les nobles
et les prêtres.
Ce jour-là, le procureur-syndic avait reçu pour
instructions de s'emparer « des diamants, rubis, ciboires,
soleils, mitres et de tout objet en matière précieuse,
or, argent, voire airain et cuivre ».
L'opération se fit rapidement. En passant par le chartrier
et la bibliothèque, quelques officiers de police arrachèrent
vivement aux splendides manuscrits dont s'enorgueillissaient le
monastère, depuis le dixième siècle, de nombreux
feuillets où étaient peintes d'incomparables miniatures,
désireux sans doute de rapporter de belles images à
leurs enfants; un groupe travaillait le Trésor qui se trouvait
dans le transept méridional
de la basilique et le procucreur-syndic se réserva l'inventaire
descriptif, la saisie et l'emballage des pierres précieuses,
ex-votes, couronnes, bijoux et autres riches objets de toute.
nature qui entouraient la statue la plus vénérée
de. l'abbaye, celle du Grand Saint Michel en la Nef.