visiteurs
que le Mont voit défiler tous les ans, les trois quarts
s'en vont satisfaits quand ils ont mangé une omelette,
lorgné un moment les sites et qu'ils peuvent dire : «
J'ai vu l'abbaye. »
Dès l'estacade aboutissant à la porte de l'Avancée,
on est assailli par des servantes d'hôtels, des guides vous
harcèlent de leurs offres; passé la porte du Roi,
dès qu'on s'engage dans la rue montante, commencent les
magasins de souvenirs, de coquillages, d'objets pieux, et les
marchandes, au guet, se disputent l'étranger. Depuis l'origine
du pélerinage, ce fut ainsi; les premiers citadins du Mont,
lesquels arrivèrent d'Avranches, étaient des pêcheurs
dont les femmes vendaient, au Xe siècle déjà,
des "conques marines" aux pèlerins. Plus tard,
les moines taxèrent d'une forte redevance les "biblotiers
1", et ceux-ci allaient fermer boutique, lorsque le débonnaire
Charles VI, venu pour faire ses dévotions, les exonéra.
1.
V. Paul GOUT, Le Mont-Saint-Michel, t. 1, pp. 344-345.