lamentables
et innocentes victimes d'un fanatisme religieux. Au XVIIIe siècle
surtout, les lettres de cachet auraient jeté dans la sinistre
prison, administrée cependant par des religieux, d'innombrables
infortunés : on en compterait bien 600.000, dit un auteur,
qui naturellement, n'indique pas la source de son information
!
A l'aide de documents certains et d'une authenticité incontestable,
je crois avoir contribué largement pour ma part, à
faire justice de tous ces racontars ridicules, à mettre
à néant ces odieuses calomnies et j'ai établi,
sur de bases indiscutables, un état nominal des prisonniers
détenus au Mont Saint-Michel de 1685 à 1789, en
vertu de lettres de cachet; on en compte seulement cent quarante-sept
: 33 avaient été enfermés par ordres directs
du roi (affaires politiques, complots, outrages : dénonciation,
concussion, etc.), 94 à la requête de familles (inconduite,
meurtres, vols, démence) et 20, prêtres et religieux,
à la demande de leurs supérieurs (manquements graves
à la discipline, jansénisme, etc.). Au surplus,
les exagérations stupides de certains auteurs, tels. que
F. Girard, Cauvin, Robidou, Lavallée, Géhin dit
Verusmor et tutti quanti, ne sont-elles pas détruites par
des considérations d'un ordre purement matériel
? Où donc aurait-on pu loger ces milliers de prisonniers
? D'après un plan de 1774 les Exils, c'est-à-dire
les bâtiments où étaient enfermés les
détenus, comprenaient trente pièces assez étroites
et d'après l'inventaire de 1793 il existait, à cette