aux
oreilles de ces populations, si fidèles et si dévotes
au culte de l'archange, et plus d'une larme avait coulé
sur les joues d'une pieuse normande, en entendant les hérauts
clamer, ceci :
« De par le Roy, nostre Souverain Seigneur et de par très
excellent et puissant prince Monseigneur le duc de Bedford, gouverneur
de la Normandie, sachez que toutes gens, de quelqu'estat ou condicions
qu'ils soyent, qui se tiennent dans le pays, voisent et tournent
tantost et hastivement devers leur capitaine, quelque part qu'ils
soyent; et que ceux qui ne sont point soubz cappitaines se y mettent
le plus tôt que faire se pourra, sous « paine de forfaire,
leur chevaulx et hernois et leurs. « corps, à la
volonté du prince et que nuls, de quelqu'estat ou condicion
qu'ils soyent, ne voisent en pèlerinage au Mont Saint-Michel,
sur paine de confiscation de corps et de biens; et s'il s'en trouve
aucuns qui, depuis les dites cris et publications, aient fait
le contraire, qu'ils soient mis en prison du roy; nostre dict
Souverain Seigneur jusqu'à ce que aultrement ait esté
ordonné ou pourveu. »
Ce fut la mort dans l'âme que le bon chapelain entendit,
lui aussi, cette proclamation, au cours de la bannie après
sa messe. Il se demandait comment il lui serait possible d'accomplir
un viage promis dans de merveilleuses
circonstances et qu'il se rappelait avec émotion.
Dans un petit village, voisin de la cure d'Orval,