La
demeure de l'archange est ouverte à tous et l'hospitalité
des moines ne connaît pas de bornes.
Roger attend, muet et impassible.
Jean a sauté de son cheval. Il a levé sa main armée:
« Moines, s'écrie-t-il avec ua trembiernenr de colère
dans la voix, moines, est-il vrai que chaque jour, 'Vous priez
contre moi jusqu'à Dieu ? »
L'abbé a répondu: « C'est vrai ! »
« Moines, s'écrie Jean courroucé, vous êtes
bien osés, vous qui ne craignez pas de faire des vœux
pour que la vengeance du Ciel s'appesantisse sur ma tête
? Pourquoi cette clameur ? »
« Parce que, répond l'abbé, tu as dépouillé
et volé mon Maître saint Michel !»
Un cri de colère est sorti de la bouche de Jean le Thomas;
il s'élance, l'épée nue, sur l'abbé.
Mais tout-à-coup, il s'abat à ses pieds et tous
les gens de sa troupe qui comme lui, avaient mis pied à
terre, tombent à genoux et Jean baise dévotement
le seuil de l'abbaye.
« Moines, dit-il, je serai votre soldat et votre serviteur.
Grâces et gloire à saint Michel ! »
L'abbé a relevé le baron dont le visage est baigné
de larmes. Il le conduit, tout aussitôt, dans l'église
abbatiale et un Te Deum y
est chanté pour remercier l'archange d'avoir permis la
conversion subite du terrible ennemi de l'abbaye qui, dans la
suite, fut un de ses plus ardents er de ses plus loyaux défenseurs.