visiter
à nouveau le Mont et d'y rapporter la pierre dérobée.
- « Eh! quoi! mes frères, s'écrie-t-il, vous
voullez que je rapporte cette pierre? mais depuis que je l'ai
offerte au couvent voisin, ma maison prospère en toutes
sortes de biens; mes granges sont pleines et le vin remplit mes
celliers !»
- « Fort bien, répliquèrent les moines, mais
votre corps est terriblement éprouvé. Apprenez que
les annales de notre glorieuse abbaye rapportent que plusieurs
pèlerins, fort dévots cependant, ont osé
s'approprier des objets grands ou petits, mais appartenant à
saint Michel. Croyez-nous; rapportez ce fragment de la pierre
que vous avez distraite du domaine intangible de l'archange; il
est bien problable , pour ne pas dire certain, que notre père
abbé, vos dévotions faites et votre repentir manifesté,
vous laissera emporter ce précieux fragment. Faites-vous
transporter sur une litière au monastère voisin;
nos frères vous rendront volontiers la sainte relique;
car nous allons les avertir de ce qui s'est passé et, muni
du fragment dérobé, vous ordonnerez qu'on vous conduise
au Mont Saint-Michel; l'archange fera le reste. »
« Ainsi fut fait, dit l'annaliste et le pèlerin,
contrit et pardonné, recouvra sa pristine santé
et abonda en toutes sortes de prospérités, lui et
les siens ... On reconnut, une fois de plus, par ce prodige, le
soin que saint Michel prend de conserver tout ce qui est de sa
maison, puisqu'il châtie ceux qui sont