-Seigneur
Dieu ! vous êtes avec moi ! s'écria-t-il sans plus
se cacher, grand merci ! Hardi, Loys !
Puis, donnant sa voix qui vibra comme un clairon dans la brume
:
-À moi, taupins ! ajouta-t-il, à moi, traîtres
maudits ! Méloir, Péan ! Coëtaudon ! Corson
et d'autres, s'il y en a ! Venez ! venez ! venez !
Une clameur, lointaine déjà, répondit à
cet appel. Aubry était dépassé ; il aurait
pu éviter la lutte. Mais ce n'était pas ce qu'il
voulait. Pendant qu'il allait combattre, qui sait si Reine n'aurait
pas le temps de se sauver ? C'était quelques minutes de
gagnées : le salut peut-être !
Et puis, avec maître Loys, Aubry se croyait sûr de
vaincre.
Les pas des chevaux se rapprochaient. Loys se mit à côté
de son maître, les jarrets ramassés, le museau dans
le sable.
Le nom de Reine vint encore une fois aux lèvres d'Aubry,
puis il serra sa bonne épée.
-Hardi, Loys ! Il y eut tout à coup un grand cliquetis
de fer. Le sable se rougit autour du vieux poteau, vert de goémon.
Les chiens étranglés hurlèrent. Les hommes
d'armes repoussés blasphémèrent.
Hardi, Loys ! maître Loys ! ils sont à nous !