absolument
dans la même situation que le cheval de Méloir.
Partout, le long de ces grèves, mais surtout dans le voisinage
des cours d'eau, où se trouvent les lises ou sables mouvants,
l'immobilité est périlleuse. Le sable cède
sous les pieds, l'eau souterraine monte par l'effet de la pression,
et l'on enfonce avec lenteur. Rien ne peut donner l'idée
de cette substance tremblante et molle qu'on appelle la tangue.
La surface présente une assez grande résistance,
pourvu que la pression soit instantanée et rapide. Notre
boue terrestre, les corps gras, toutes choses que nous connaissons
et qui tiennent le milieu entre les matières solides et
les matières liquides, ont un caractère commun ;
le pied y enfonce au moment même où il s'y pose.
Ici, non. Le pied marque à peine au premier instant, il
soulève une manière d'ourlet sablonneux et relativement
sec, tandis qu'à l'endroit même où la pression
s'opère, l'eau monte et remplace le sable.
Si le pied quitte lestement le sol, comme cela a lieu dans une
marche légère, on voit sa trace peu profonde former
une petite mare qui s'efface bientôt parce que la tangue
reprend aisément son niveau.
Mais si le pied reste, il enfonce indéfiniment et plus
vite à mesure que l'immersion (la langue n'a pas d'autre
mot) a lieu.
On dit qu'un homme met bien un quart d'heure à disparaître
entièrement dans les lises.