fois
le tour de la pierre, jusqu'à ce que M. le bailli s'avisa
de faire : Hi ! han...
-Silence ! ordonna la voix de Maurever.
-Seigneur Jésus ! on se tait, on se tait ! répliqua
le moine convers ; je pense que je ne suis pas un bavard !
Et il ajouta en se penchant à l'oreille d'un Mathurin quelconque
:
-Devinez ce que répondit l'âne ? Mais le Mathurin
n'était pas en humeur de rire.
-Nous approchons de la rivière, dit en ce moment le petit
Jeannin ; prenez-vous par la main et ne vous quittez pas. Les
mains se cherchèrent et se réunirent au hasard.
Il y avait à peine dix minutes qu'on avait abandonné
Tombelène et déjà les rangs étaient
intervertis. On fut obligé de parler pour se reconnaître.
Voici comment la caravane était disposée : Après
le petit Jeannin, qui marchait en tête avec sa gaule à
corne de boeuf, venaient monsieur Hue de Maurever et Aubry de
Kergariou, escortant Reine.
Derrière ce groupe c'étaient les Le Priol, Simon,
Fanchon, Simonnette et Julien, qui avait l'arbalète sur
l'épaule.
Suivaient les Gothon, dont trois avaient eu une belle conduite,
tandis qu'il nous faudra pleurer éternellement sur la faiblesse
de la quatrième. Les Gothon étaient accompagnées
de Scholastique, des Suzon et des Catiche.
Les Mathurin, les Joson, etc., formaient l'arrière-garde
avec frère Bruno, qui s'était placé là
dans l'espoir de conter à l'occasion quelque bonne aventure.
Mais son espérance se trouvait cruellement déçue.
Le silence était de rigueur.
La caravane marcha dans cet ordre pendant un quart d'heure environ.
Au bout d'un quart d'heure, chacun sentit l'eau à ses pieds.
En même temps, un bruit sourd se fit entendre sur le sable.
-Les hommes d'armes ! dit tout bas le petit Jeannin. Halte !
On s'arrêta, et il y eut un moment d'anxiété
terrible, car c'était ici un coup de dés. Les hommes
d'armes pouvaient passer à droite ou à gauche de
la caravane, comme ils pouvaient y donner en plein sans le savoir.
La petite troupe se tenait immobile et silencieuse. Les chevaux
approchaient. On entendit bientôt la voix de Méloir
qui disait :