Il
cherchait d'instinct quelque chose à friser au coin de
sa lèvre.
Il est vrai qu'il n'y trouvait rien.
Quand tout fut prêt, Julien ôta les barricades de
la porte.
C'était une caravane, vraiment, qui partait :
Le père, la mère, Reine, Julien, Simonnette et le
petit Jeannin équipé en guerre.
On fut bien encore un quart d'heure à tourner pour ne rien
oublier.
Puis le père Simon dit de sa plus grosse voix :
-Partons !
Mais il avait les yeux mouillés, le vieil homme. Quant
à Fanchon, la ménagère, on fut obligé
de l'entraîner. Elle s'était agenouillée devant
le crucifix de bois qui pendait à la ruelle du lit. Elle
disait :
-Une minute encore, que j'achève ma prière. C'était
comme si on l'eût menée au supplice. Et le petit
Jeannin n'avait point fait tant de façons pour aller sous
le pommier. Enfin, tout le monde était dehors. Simon referma
sa porte et donna sa maison à la garde de Dieu. Les bestiaux
étaient libres dans le pâtis. La caravane se mit
en marche.
Jeannin faisait l'avant-garde, comme de raison. Les trois femmes
venaient ensuite. Simon et Julien formaient l'arrière-garde.
Au premier détour du chemin, Jeannin reconnut, contre la
haie, l'ombre longue et mal bâtie de maître Vincent
Gueffès.
Il épaula vivement son arbalète. Mais le Normand
perça la haie et se sauva en criant :
-Bon voyage !