Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Je vous le dis, notre demoiselle, reprit Julien, les choses iront alors sans lui, et les soudards n'ont qu'à se presser s'ils veulent avoir le temps d'incendier nos demeures. En attendant, si mon père et ma mère acceptent pour fils ce petit gars-là (il tendit la main à Jeannin), et j'en serai content, car il a un bon coeur sous sa peau de mouton percée, m'est avis qu'il nous faut prendre le large, car, demain, il fera jour, et toute cette ribaudaille, sonnant le vieux fer, n'a peur des lutins que la nuit.
Fanchon, la ménagère, parcourut la ferme d'un regard triste.
-Voilà trente ans que je dors sous ce toit, murmura-t-elle : c'est ici que vous êtes nés tous deux, mes chers enfants.
-C'est ici que mon père est mort, dit à son tour Simon Le Priol, et aussi le père de mon père. Sur ce lit, qui est là, j'ai fermé les yeux de ma mère. Écoute-moi, fils Julien, et crois-moi : par intérêt, pour tout l'or de la terre, par crainte, avec la mort devant mes yeux, je ne quitterais point la pauvre maison des Le Priol. Je m'en vais hors d'ici parce que je veux montrer mes vieux bras à mon seigneur Hue de Maurever, et lui dire : Voilà ce qui est à vous !
Reine sauta au cou du vieillard et l'embrassa comme s'il eût été son père. Puis elle embrassa la ménagère Fanchon, qui essuyait ses yeux pleins de larmes.
Simonnette, le coeur gros et la main tremblante, caressait les deux belles vaches, la Rousse et la Noire.
-Allons ! Allons ! dit le petit Jeannin qui grandissait en importance et prenait voix au conseil, nous reviendrons, maître Simon, nous reviendrons, dame Fanchon. Simonnette, ma mie, nous retrouverons la Noire et la Rousse. En route avant que la chasse ne commence, ou nous pourrions bien rester en chemin !
Ce mot frappa tout le monde. Julien s'élança vers la partie de la salle qui servait d'étable. Il appela de bonne amitié le petit Jeannin, son nouveau frère, et tous deux revinrent bientôt avec trois arbalètes et trois épées. Les paniers des femmes s'emplirent. Tout ce que la ferme avait de provisions y passa.
Tubleu ! si vous saviez comme le petit Jeannin était considérable avec sa grande épée au côté et son arbalète à l'épaule !

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