d'en
haut mettaient des teintes argentées dans les masses de
ses cheveux blancs. Sa longue barbe, blanche aussi, descendait
sur sa poitrine.
Il dormait tout droit et semblait un bloc de pierre, tombé
de la voûte, mais tombé debout.
Ou mieux encore, dans ces ténèbres vaguement éclairées,
vous auriez cru voir la statue d'un chevalier, taillée
dans le granit noir, et dont les contours supérieurs sortaient,
blanchis par la neige.
C'était cette même nuit où nous avons suivi
la course de la Fée des Grèves, depuis le manoir
de Saint-Jean jusqu'à la prison d'Aubry de Kergariou, sous
les fondements du monastère.
Le ciel était pur, et c'est à peine si un souffle
d'air ridait la mer à son reflux.
On n'entendait aucun bruit, sinon le flot murmurant sur le sable
du rivage.
Le sommeil du vieillard était tranquille.
Les heures de nuit passaient. Bientôt les reflets de la
lune tournèrent et pâlirent. Le crépuscule
du matin envoya ces lueurs livides qui creusent les joues et enfoncent
l'oeil dans l'ombre des orbites agrandies. La figure du vieillard
s'éclaira peu à peu. Elle était belle, noble,
austère. Mais il y avait de la souffrance dans ces lignes
fouillées profondément. Les traits étaient
durs à force de maigreur. L'ombre des rides s'accusait,
profonde. Monsieur Hue de Maurever était âgé
de soixante ans. Quatre ans auparavant, Gilles de Bretagne, son
seigneur, l'avait exilé de sa présence, pour conseils
inopportuns et remontrances trop sévères ; car monsieur
Hue avait essayé maintes fois d'arrêter le jeune
et malheureux prince sur cette pente de débauches et d'intrigues
politiques qui devaient servir de prétexte à son
frère.
L'arrestation de Gilles de Bretagne fut, en effet, bien regardée
d'abord par le peuple.
Monsieur Hue, dès qu'il sut le prince enfermé, revint
à lui sans ordres. Il lui servit d'écuyer dans les
diverses prisons où la haine de François