Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Et tout à coup le sol s'abaissa. La fée monta. Elle glissait dans les nuages.
Puis ce fut autre chose :
Jeannin se repentit amèrement de lui avoir dit que la mer mettait une demi-heure à revenir.
Car la mer venait.
La mer passait, lisse comme une lame de cristal, sous les pieds de la jeune fille.
Mais les pieds de la jeune fille ne s'y mouillaient point.
Oh ! que c'était bien la fée, la fée du récit de Simon Le Priol ! la fée du chevalier breton qui courait sur les vagues...
Un nuage cacha la lune. La fée disparut.
Le petit Jeannin pesa l'escarcelle dans sa main, et reprit tout pensif le chemin du village de Saint-Jean.
Il possédait cette fortune qu'il avait souhaitée avec tant de passion, les cinquante écus nantais qui devaient le rendre si heureux ; et pourtant sa tête pendait sur sa poitrine.
Ce n'était pas la mer que le petit Jeannin avait vu sous les pieds de la fée, c'était le mirage de la nuit.
Jeannin connaissait trop bien les marées, lui qui vivait les jambes dans l'eau depuis sa première enfance, pour s'être trompé d'une demi-heure.
On a dit souvent que, dans les grèves de la baie de Cancale, la mer monte avec la vitesse d'un cheval au galop.
Ceci mérite explication.
Si l'on a voulu dire que la marée partant des basses eaux, gagnait avec la rapidité d'un cheval qui galope, on s'est assurément trompé.
Si l'on a voulu dire, au contraire, qu'un cheval, partant du bas de l'eau en grande marée, aurait besoin de prendre le galop pour n'être point submergé, on n'a avancé que l'exacte vérité.

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