Le
fuyard s'arrêta au son de cette voix.
-Merci, mon cher seigneur, dit-il, que Dieu vous récompense
!
-Amenez-le ! commanda Méloir. L'instant d'après,
les archers poussaient dans la salle un individu qui ne ressemblait
vraiment point au signalement donné par Méloir.
Ce signalement, tout imparfait qu'il était, parlait du
moins d'une taille souple et de longs cheveux blonds soyeux. Notre
fugitif avait au contraire tout ce qu'il fallait pour n'être
confondu de près ni de loin avec ce signalement. C'était
un grand garçon d'une laideur très avancée
et pourvu d'une chevelure dont chaque crin était rude comme
la dent d'une étrille.
-Messire, dit l'archer Merry, nous avons surpris ce vilain oiseau-là
au moment où il se glissait hors de la cour.
-Que venais-tu faire dans la cour ? demanda Méloir qui
avait repris place dans son fauteuil.
-Je venais vous parler, mon bon seigneur.
-Comment t'appelles-tu ?
-Vincent Gueffès, fidèle sujet du duc François,
et le plus humble de vos serviteurs, monseigneur.