mendiant,
moitié maquignon, un peu clerc, un peu païen, Normand
triple avec un nom breton.
Après maître Gueffès, le commun des mortels.
C'était une quinzaine de jours après le service
célébré
au Mont-Saint-Michel pour le repos et le salut de monsieur Gilles
de Bretagne.
Il y avait grande veillée chez Simon Le Priol pour la fête
de la Saint-Jean, qui était en même temps la fête
de manoir et celle du village.
On avait brûlé vingt-cinq fagots de châtaignier
sur l'aire, des fagots qui pétillent gaiement dans la flamme
et qui lancent au vent des fusées de folles étincelles.
Le souper cuisait dans le chaudron massif, suspendu à la
crémaillère.
Dans l'unique pièce qui composait le rez-de-chaussée
de la ferme, le village entier était réuni.
Dix à douze gars, autant de filles, deux ménagères
et maître Vincent Gueffès, lequel n'appartenait à
aucun sexe : ce n'était pas un homme, en effet, puisqu'il
ne savait ni labourer, ni pêcher, ni se battre ; ce n'était
pas une femme, puisqu'il s'appelait maître Vincent Gueffès,
et qu'il mendiait à Dol ou à Avranches dans un vieux
sac d'échevin.
L'assemblée était présidée par Simon
Le Priol et sa métayère Fanchon la Fileuse, bonne
grosse Doloise, rouge, forte, franche, buvant son coup de cidre
comme une luronne qu'elle était, et ne disant jamais non
quand un pauvre quémandait à sa porte.
Fanchon la Fileuse était, ma foi, la fille d'un valet de
notre sieur le pro-secrétaire de l'évêché,
ce qui lui donnait un peu d'orgueil.
Simon Le Priol, lui, avait une honnête figure un peu sèche
sous une forêt de cheveux gris. C'était un grand
bonhomme ayant la conscience de sa valeur, et sachant garder son
quant à soi parmi les petites gens du village.