3°
Sur le rôle respectif de la mer et des rivières dans
la baie du Mont-Saint-Michel :
Monsieur
l'Abbé,
Utilisant
le Nivèlement général des Marais de Dol contenu
dans le volume que vous avez bien voulu me prêter, et une
feuille d'enregistrement du marégraphe de Saint-Servan,
j'ai pu déterminer, avec une assez grande exactitude le
temps pendant lequel la mer, au cours d'un mois, dépasse
le niveau d'un point situé au pied de la Tour Boucle du
Mont Saint-Michel, point dont votre document donne la cote par
rapport au niveau des plus hautes mers. Ce temps est un peu supérieur
à celui pendant lequel le Mont peut être plus ou
moins entouré. .
J'ai
trouvé qu'au cours d'un mois moyen (juin 1914) la mer a
dépassé le niveau précité seulement
pendant un peu moins du quart du temps, soit d'un peu plus de
5 heures par jour en moyenne. Quand l'investisement marin est
le plus étendu et de plus longue durée, il doit
être d'environ quatre
heures à chaque marée, du reste à des heures
où la grande masse touristique est au loin et ne peut jouir
du spectacle. On peut, en somme, accéder au Mont par la
grève en tout temps pendant plusieurs, heures au milieu
de la journée. C'est dire que l'insularité du Mont
est inexistante. Il en est ainsi depuis un grand nombre de siècles
et tout ce qu'on pourra faire pour rétablir cette insularité
sera inutile, même avec les plus fortes dépenses.
Peut-être
pourrait-on, avec des frais immenses, réunir Sée
et Sélune en un canal qui rejoindrait celui du Couesnon
au pied sud-ouest du Mont. Ce canal pourrait avoir son radier
vers le niveau moyen de la mer, mais pas plus profond. C'était
en effet le cas de la Sélune quand, à l'époque
où fut fait le