La
coupure telle qu'elle est envisagée (rescindement à
500 mètres des remparts, chaussée submersible à
la cote 120 dans la partie comprise entre la partie de la digue
conservée et les remparts) fera du Mont une île environ
150 jours par an, à raison de 6 heures par jour (3 heures
le matin, 3 heures le soir).
Pendant
ce temps d'isolement à qui donc et à quoi devrait-on
assurer le passage? Aux habitants du Mont-Saint-Michel rentrant
chez eux ou en sortant; aux médecins appelés auprès
des malades; aux touristes. a) les habitants ne sont que 247,
il est vrai, mais ils ont à pourvoir au ravitaillement
venant de l'extérieur, non seulement pour eux-mêmes
en tout temps,' mais encore pour les 150.000 visiteurs de chaque
bellé saison (on sert au Mont environ 2.000 déjeuners
par jour en été, on sait d'ailleurs que le linge
est blanchi en dehors de la localité); b) les médecins
ne sauraient être condamnés à attendre trois
ou quatre heures le moment d'exercer leur art; c) les touristes
ne se soucient pas davantage de s'arrêter forcément
à 500 mètres du Mont-Saint-Michel, devant une mare
d'eau ou de boue. Il est facile d'imaginer que, découragés,
plusieurs feront demi-tour sans visiter la Merveille. Et ce, soit
qu'ils empruntent la voie de fer, soit qu'ils voyagent à
pied, en bicyclette ou en voiture.
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Supposons qu'ils préfèrent attendre ou s'y résignent
jussqu'à ce que le reflux livre passage; il faut, de toute
nécessité, prévoir outre les voies de garage.
du tramway, es abris .pour les voyageurs de toute provenance et
pour les marchandises, colis et dépêches. D'où
élargissement considérable de la digue en sa partie
terminale et construction de plusieurs bâtiments assez vastes
sur cette plate-forme en éventail.
Il
faut en effet prévoir des centaines de personnes et d'automobiles
stationnant sur ce point, à certains jours. Quelle sera
l'horreur de ces aménagements au point de vue esthétique?
La digue actuelle, telle qu'elle est, est loin d'être aussi
disgracieuse.