depuis
que les communications sont devenues plus sûres et moins
coûteuses. La Compagnie de l'Ouest qui avait transsporté
6000 voyageurs pour le Mont Saint-Michel en 1880 en a transporté
8000 en 1881 et 12.000 en 1882. Coupez la digue et aussitôt
vous diminuez cette affluence des voyageurs et des visiteurs.
La digue rend ce pèlerinage artistique aocessible à
toutes les bourses, à toutes les fortunes, elle est à
ce point de vue véritablement démocratique. Serait-il
raisonnable de sacrifier l'intérêt du plus grand
nombre aux exigences raffinées de quelques esprits délicats
que la vue de la digue offusque et gêne et qui savent bien
peu comprendre les beautés de notre île pour prétendre
que la digue lui enlève son cachet et toute son originalité.
Tout
ceci. l'Administration supérieure le comprend sans doute.
Et c'est, parce qu'elle le comprend, parce qu'on se rend compte
de tous ces intérêts qui seraient compromis par la
destruction de la digue, que ses adversaires acharnés accusent
celle-ci des plus noirs méfaits et ne craignent pas d'avancer
qu'elle détruit les murailles du Mont Saint-Michel.
C'est
à nous, Messieurs les conseillers municipaux, à
nous qui avons toujours vécu au Mont Saint-Michel, à
nous qui le connaissons mieux que personne qu'il importe d'éclairer
l'Administration supérieure des Beaux-Arts, MM; les Députés,
Sénateurs, Ministres, le Gouvernement tout entier: c'est
à nous de protester énergiquement et de crier bien
haut : on se trornpe et on nous trompe.
Non,
la digue n'est point une cause de ruine pour les remparts. Ces
remparts, nous les avons toujours vus dans le plus triste état,
et c'est bien naturel, puisque sauf pour là partie comprise
entre l'entrée, du Mont et la tour du Roi, on ne les a
jamais réparés. Ce triste état ne va certainement
pas en s'améliorant puisqu'on n'y fait rien; mais il n'y
a rien dans cet état qu'on puisse attribuer à la
digue.
Que
lui reproche-t-on ? De s'appuyer contre les remparts, Mais son
niveau est à peine d'un mètre au-dessus du niveau
de la rue, et ce n'est pas une aussi petite poussée qu'un
mur