Entièrement
désintéressés dans l'entreprise, nous devons
à la vérité, dire que, s'il y a lieu d'attendre
ce succès acheté par de grands sacrifices, il y
a aussi beaucoup de chances contre les auteurs de la spéculation.
Il suffit d'examiner le sol sur lequel doivent porter ces immenses
travaux pour reconnaltre ce qu'il y a d'aléatoire à
lutter contre une mer qui marne de 15 mètres, une rivière
vagabonde et des sables mouvants.
Si
ces efforts doivent réussir, ils seront le prix de soins
et de capitaux considérables. - Qui donc pourrait être
jaloux de la réussite ?
Depuis
plus d'un siècle, la pensée d'hommes intelligents
s'était portée sur les moyens de rendre à
la culture un sol d'une admirable fertilité et plusieurs
propositions avaient été faites au Gouvernement
pour dénoyer partie de la baie du Mont-Saint-Michel.
Enfin,
en 1800, M. Combe obtint un arrêté des Consuls qui
lui concédait tous les terrains qu'il obtiendrait par la
canalisation du Couesnon; son projet, approuvé par le conseil
des ponts et chaussées, fut accueilli avec faveur par tout
le pays; mais les capitaux ayant manqué au concessionnaire,
ces travaux interrompus sont demeurés en pure perte.
Comment
ce qui était juste à cette grande époque
porterait-il maintenant ombrage à quelques personnes ?
C'est éviidemment parce que, se préoccupant de vaines
teneurs, elles oublient les dangers imminents, inévitables
du statu quo.
Nous
avons tous besoin de tangues de mer, et nous désiirons
conserver les éléments de ce précieux engrais;
mais nous sommes certains que le projet Mosselman, qui nous a
été soumis lors de l'enquête de commodo et
incommodo, n'y porrterait aucune atteinte. Nous sommes également
certains que, si on établit à Moidrey la tête
d'un chemin de fer à ornières creuses pour y enlever
indéfiniment des tangues, nos marais, le Couesnon n'étant
pas endigué, doivent, dans peu d'années, être
envahis pour la seconde fois par la mer, et pourtant on