RÉCLAMATION
Dol,
12 novembre 1855.
M .....
Le
conseil administratif des digues et marais de Dol, ayant appris
que la question de la fixation du Couesnon était soumise
au Conseil d'Etat, se préoccupe vivement des retards éprouvés
par cette importante affaire; le syndicat des marais est en dehors
de tout esprit de spéculation et sa sollicitude n'est émise
que par les avantages que l'endiguement du Couesnon doit procurer
au pays, mis en danger par tout ajourrnernent, pour des travaux
que les habitants du littoral réclameraient de la justice
du Gouvernement, si une compagnie ne s'offrait de les exécuter
à ses frais, risques et périls.
Notre
intervention s'explique par le devoir qui nous incombe de veiller
à la sécurité d'un vaste et riche territoire
dont nous sommes les mandataires légaux. Depuis des siècles,
on pourrait dire depuis la conquête des marais sur la mer,
qui remonte à plus cle 800 ans, l'action du Couesnon a
été pernicieuse pour les terrains
conquis, le cours de cette rivière, tantôt torrentielle,
tantôt peu abondante, est d'une inconstance peu commune
à son embouchure et varie souvent dans une seule marée
de plusieurs centaines de mètres. Favorisée par
les courants et l'excessive perméabilité du sol,
on la voit attaquer des clôtures et détruire en quelques
heures l'ouvrage des années.
Aucune
consolidation n'est possible et durable pour les grèves
livrées à la culture, aucune sécurité
ne régnera dans les marais dont la valeur excède
50 millions et qui sont couverts d'habitants, tant que cette rivière
ne sera pas endiguée.
On
assure qu'une compagnie, à la tête de laquelle est
M. Mosselrnan, disposant de capitaux considérables, a des
chances de réussir, en exécutant ce travail, à
faire la conquête d'une certaine étendue de grèves
à l'ouest du Couesnon.