sur
les sables humides, sont écaillées de lueurs vermeilles;
entre des surfaces ardoisées, s'avivent des lagunes de
nacre, des flaques ambrées; le rose et le vert pâle
du ciel mourant, la forme confuse d'un nuage se regardent dans
ces nappes marmoréennes qui répètent leur
miroitement jusqu'à la limite indécise des grèves.
On ne voit plus où la mer commence, où elle expire.
L'étendue insubstantielle évoque je ne sais quel
paysage d'outre-tombe. Notre âme se perd en ces limbes,
vers les clartés d'un autre monde :
L'Océan devant nous se prolongeait
immense
Comme l'espoir
du juste aux portes du tombeau ...
Puis un coup de vent se lève, les brumes
se dissipent, la lune, reine de l'espace, semble vouloir éterniser
dans ses blancheurs ces mirages de crépuscule. Elle fait
reluire comme une crosse d'or la flexuosité d'une rivière,
sculpte en noir les porches de l'abbaye, illumine les pinacles