bombées
des tangues, et déjà ne fait plus qu'un avec la
haute mer. L'eau palpite, le vent palpite; à ma gauche,
derrière les feuillages agités d'un grand arbre,
le soleil descend, il épouse la mer et déploie sur
elle toutes les pourpres de son manteau. 0 les royales épousailles
que préside l'Archange, dans le chant des houles et des
rafales !
Néanmoins, un tel spectacle ne représente pas l'étrangeté
surnaturelle des crépuscules montois; et l'attrait de la
marée retient d'odieux touristes qui font, en barque, le
tour du Mont, avec des clameurs stupides. D'autres soirs valent
mieux, ceux où la mer s'est déjà retirée,
où sur la Tour du Nord, on
ne rencontre plus personne, sauf parfois Dom Debroise et M. le
Curé du Mont.
Le soleil a disparu dans un enfoncement de vapeurs laineuses.
Des voiles de brumes effacent le talus verdoyant des côtes.
Mais le reflux crépusculaire gagne le haut du ciel, et
les traînées de limon,