peine
restaurées, le vent marin les ronge. Et pour qui les restaure-t-on
? Les architectes se figurent-ils
que l'église restera vide ainsi, en témoignage de
leurs vaines besognes, jusqu'à ce qu'elle s'écroule
de nouveau ?
Je sors un instant sur la terrasse, devant l'ignoble façade
dont le XVIIIe siècle affligea l'abbatiale et qu'on a laissée
debout. Elle domine l'immensité du couchant. Je regarde,
au-dessus des sables ardoisés, un nuage étalant
son ombre et le cintre d'un arc-en-ciel sous lequel pourrait défiler
une armée d'anges à cheval, avec Saint Michel à
leur tête, comme les vit l'évangéliste; la
courbe de l'arc est si pure qu'on le dirait solide, bâti
d'un alliage de métaux rayonnants. La pleine mer, au loin,
semblable à une cotte de mailles, repousse les glaives
solaires, et les promontoires, sombres tout d'un coup, augmentent
par leur ligne rigide la profondeur de l'étendue.
Dieu ! que le monde est beau, vu de ce