comme
une frise de chevaux cabrés. Des hirondelles crient, des
goélands rôdent, une averse balaye les créneaux;
mais un maçon qui monte me dit au passage :
- Il vente trop dur pour pleuvoir; le vent mange la pluie ...
Et déjà un morceau d'azur, derrière les toits
de la Merveille, s'élargit. Maintenant, le nuage couvre
les clochers d'Avranches; les promontoires sont submergés.
J'aime ces paysages turbulents et mobiles où, sur la stabilité
de la montagne et de l'abbaye, se déploient d'incessants
tumultes.
Devant moi, deux tourelles crénelées, magnifiques
d'allure, commandent la barbacane du Châtelet;
de quel rude et fort élan les degrés s'engagent
sous le cintre de la voûte! Cette architecture, militaire
et monastique, atteint une gran-deur que n'obtenaient pas les
féodaux dans leurs donjons. Quand les abbés bénédictins
traçaient et exécutaient des plans, ils ne travaillaient
point pour eux-mêmes, mais pour abriter en Dieu,sous la
garde de