débattre
dans les flots et périr, sans que l'on pût leur porter
aucun secours. Les brouillards sont aussi une cause de périls
assez fréquens (1). Par le plus beau temps du monde, il
s'élève quelquefois tout à coup, sur ces
grèves humides, un brouillard
si épais, que le voyageur ne voit plus, ni ciel, ni rivages,
ni côtes, ni rivières, et se trouve au milieu d'une
atmosphère si dense, qu'elle ne lui permet pas de voir
les objets à deux pas de lui. Le secours des lanternes
deviendrait même inutile. Cependant, il faut marcher, sous
peine d'être surpris par la mer. C'est donc au hasard qu'il
faut se livrer, trop heureux si l'on arrive à bon port.
Aussi ce voyage, même par les deux directions que nous avons
indiquées, ne s'entreprend t'il par les personnes prudentes,
qu'en choisissant bien son temps et toujours, il faut faire une
large part aux accidens du voyage. Presque tous les habitans du
Mont Saint Michel, dont le nombre monte environ, à trois
cents sont pêcheurs, ainsi que beaucoup de
1 C'est
par cette raison que l'on trouve dans les chartes beaucoup de
donations faites pour sonner les cloches pendant les frimats et
les brouillards